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Wednesday, April 24, 2024

COUP D’ÉTAT

Par Jeanie Bogart   Un goût d’oubli restait collé sur la langue de notre passé, tout comme cet amas de souvenirs disjoints étalés sur le trottoir de notre existence.   Monta alors l’odeur pestilentielle d’un matin de coup d’État. Partout des volets hermétiquement clos. Hébétude. Un plus un font tout un peuple. Comment croire au carnage ? Comment croire à l’inadmissible ?   Sur le trottoir d’en face une pute a été violée. Personne à condamner. Personne n’est coupable. Parfois, les araignées tissent leur demeure sur le malheur des autres.   Dans le bordel d’à-côté la femme du ministre s’envoyait en l’air. Baisage à niveau tertiaire. Courbatures à dos du lit. Puits de puissance, puis de jouissance.   Dissidence. Nos solitudes s’entrechoquaient Boulevard des Incompris et rendaient indésirables notre fureur de vivre, notre fureur d’aimer… dans nos verres, l’alcool nous faisait la grimace.   Négritude principale. Dents blanches pour peau noire. Même notre sang était devenu noir. Noire la colère qui montait en nous. Estropiée notre chanson de liberté. Une bombe a éclaté Rue du Peuple. Personne n’a rien vu. Silence abstrait. Pas de panique. Aujourd’hui c’est jour de coup d’État.On peut lire tous les poemes de Jeanie Bogart sur la section “Poetry.”

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