Par Paul. E. FrançoisCSMS MagazineTous ceux qui connaissent l’importance vitale de l’enseignement dans la promotion sociale n’ont pu que s’émouvoir de la décision du ministre de l’éducation concernant la fermeture de la « state Secondary School » du village de la Gaulette. Les adolescents des villages avoisinants, Case Noyale, Chamarel, Le Morne et Baie du cap, ainsi que leurs parents étaient désemparés. C’était une atteinte portée au droit fondamental des enfants de notre république d’accéder au savoir. L’île Maurice plurielle et multiraciale, aux ambitions économiques d’envergures, était stupéfaite tant l’acte était odieux. C’était l’intelligence et l’esprit qu’on a voulu assassiner en voulant fermer la SSS La Gaulette. Les voix qui s’étaient élevées jusqu’ici et les gens des villages concernés qui étaient descendus dans la rue pour dire non à la cessation des cours académiques ont fait preuve d’un esprit civique et d’une maturité exemplaire, loin des méthodes des adeptes des opérations musclées. Il faut dire qu’au rang de la résistance qui s’était développé pour dire non à cette action délétère, se sont joints des gens avertis et sensibles à cette cause noble. Déjà une certaine capitulation de l’autorité du ministère de l’éducation était perceptible par des signes d’affolement – Avant la chute dans la démagogie avec une proposition bancale qui ne cadrait pas avec les ambitions de notre système éducatif. On voit mal comment faire cohabiter la filière polytechnique et académique dans un même établissement avec toutes les implications que cela comportent. Pour le groupe qui a mené la résistance contre cette décision, la lutte ne doit pas s’arrêter contre cette décision. Ce malheureux événement pourrait être comme un mal pour un bien. Le collectif doit s’élargir et s’ériger comme un rempart contre toute forme d’injustices. Il faut continuer à persévérer dans une lutte citoyenne, pour une amélioration des conditions générales pour toute cette région du pays, trop longtemps marginalisé. Tous ceux épris de justice et pour qui le droit a l’éducation n’a pas de prix, qui savent que les institutions éducatives ne peuvent être gérées comme des entreprises de production, ne doivent pas rester insensibles à ce problème qui touche une partie de la population de notre île Maurice profonde. Nombre de ces habitants sont les perdants des séquelles de l’histoire, aujourd’hui marginalisés par des décisions qui ne favorisent guère la promotion sociale. Des régions ou les taudis en tôle, exposés aux caprices cycloniques, symbolisent un problème de logement longtemps décrié. Et où le taux d’échecs avoisine les 80% aux examens du cycle primaire. Si rien n’est fait, l’échec sera synonyme d’une nouvelle génération de décadence. D’où la nécessité de déployer les moyens et les orientations nécessaires en matières d’éducation et pour l’épanouissement individuel et communautaire. Cette région de l’île Maurice est éloignée de tout, le service de santé mérite d’être pris en considération, Les hôpitaux les plus proche se trouvent à des kilomètres loin de ces villages. Les gens pour des simples démarches administratives doivent souvent se rendre jusqu’à la Capitale. Longtemps oubliés, laissés pour compte sans la moindre orientation de génération en génération, ces compatriotes ignorent encore les éléments de base de l’épanouissement familial. Une certaine éducation parentale s’avère nécessaire. L’état désolant de cette partie de notre île qui côtoie de belles demeures et les villas de luxe qui ont envahit cette savane et les hôtels touristiques surplombant les plages est l’exemple typique d’un développement qui laisse apparaître le grand écart entre l’extrême richesse et l’extrême pauvreté. C’est un développement sans pitié et sans aucune politique d’intégration. Cette décision de fermeture d’un établissement éducatif pour des raisons administratives ou économiques nous laisse vraiment pantois. C’est comme chercher la logique dans l’illogisme. Il est autant plus incohérent et impensable car cette malencontreuse décision qui aurait privé les enfants du village du morne du droit à l’éducation académique aurait coïncidé étrangement avec l’avènement du Morne Brabant au statut de patrimoine mondial de l’humanité octroyé par l’UNESCO. Organisme qui depuis sa création défend et favorise le droit et l’accès à l’éducation. Ce gouvernement nous a démontré de quoi il est capable, et détient les moyens nécessaires pour construire une nation instruite, en favorisant la construction d’établissements scolaires de pointe. Cette partie de notre île n’est pas si éloigné que ça, pour pouvoir accueillir un établissement semblable à ceux qui ont été construites dans d’autres régions du pays, qui pourrait porter le nom d’un de ces illustres fils du continent africain et pourquoi pas un « Nelson Mandela Education Centre ». Les enfants de cette région ne sont pas dépourvus d’intelligence ; il suffit de mettre en place une pédagogie appropriée pour leur épanouissement sur le plan académique. La leçon qu’on peut aujourd’hui tirer de ces événements malheureux ; c’est de pouvoir sortir de notre inconscience et de notre étroitesse d’esprit. Voir au-delà de nos différences afin d’éviter comme pour nos ancêtres esclaves ou coolies, l’épreuve de l’opprobre. Plus jamais ça ! ! !Voir aussi La Communauté Créole de l’île Maurice prise dans le joug des pouvoirs Haïti – Culture : Unité idéologique, politique dans les écrits et dans les actions chez Jacques RoumainPrésentation de Gouverneurs de la RoséeLE VERRE DU SOUVENIRNote : Paul. E. François est mauricien et il est engagé dans la lutte pour la promotion et l’émancipation de la communauté créole à l’île Maurice, l’une des plus belles îles du monde. Il fait parti du haut cadre d’une entreprise agricole mauricienne. Il est Ex-Secrétaire général de l’OCAM (Organisation des créoles afro mauricienne) Organisation qui fut crée en 1993 et qui est à l’origine de la prise de conscience créole. Il est notre nouveau collaborateur.