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Saturday, December 21, 2024

Rencontre avec Mme Lunine Pierre-Jerome

Par Myrtil Marie-jeannineNeé à Belladère, une petite ville crée en 1950 par Dumarsais Estimé à la frontière de la République dominicaine, cette femme débordante d’énergie, de créativité et pleine de modestie s’ouvre à nous de Boston ou elle vit et élève son fils de 17 ans… Madame Lunine Pierre-Jérome que faites-vous dans la vie ?Je possède un doctorat en éducation ce qui me permet de former des professeurs et de travailler dans Le domaine de l’enseignement.Vous êtes docteur depuis peu, comment la communauté haïtienne a-t-elle accueilli cette gratification ?Je suis docteur depuis mai 2004 et les gens de la communauté m’ont félicitée, certains ont été très surpris, certaines personnes me regardent autrement aujourd’hui.Vous avez dû persévérer et faire preuve de beaucoup de rigueur pour terminer votre thèse ?Cela n’a pas été évident en effet surtout que je devais travailler et élever mon fils en même temps, mai aujourd’hui, le but a été atteint et c’est l’essentiel d’autant plus que je l’ai obtenu avec une excellente mention.Parallèlement à tout ceci, je participais activement à la vie d’une association pour le bien-être des femmes.Quelle est cette association au sein de laquelle vous venez en aide aux femmes ?L’association des femmes de Boston dont je suis l’une des membres fondateurs a été créé en 1988.Elle s’intéresse aux femmes mais aussi au développement économique, à l’alphabétisation des adultes, à la culture etc Comment se présente la situation des femmes haïtiennes à Boston ?Elles sont confrontées à deux problèmes essentiels :l’analphabétisme et la violence.Les femmes sont moins éduquées que les hommes et ne sachant ni lire ni écrire, elles sont plus exposées à la violence domestique, sexuelle ou encore verbale.De quelle façon cette violence se manifeste –t-elle concrètement ?Onze femmes ont été tuées ces dernières années dans le Massachusetts, elles sont soit brûlées, soit découpées, soit étouffées.D’autres subissent des violences sexuelles ou des insultes quotidiennes de la part de leurs compagnons.L’association a-t-elle à sa disposition des moyens efficaces pour lutter contre ces agissements ?On essaie dans un premier temps d’éduquer ces personnes de telle sorte qu’elles soient armées contre la violence et qu’elles puissent la rejetter.On crée parallèlement des ateliers de travail, des groupes de solidarité, et on tente de faire évoluer la mentalité des gens en leur expliquant ce que c’est que la violence.Il serait plus simple pour ces femmes de se séparer de leurs partenaires, pourquoi est ce que cette solution n’est –elle pas adoptée ?Bien souvent les femmes sont totalement dépendantes de leurs conjoints, de plus, dans la plupart des cas, c’est eux qui organisent leur arrivée sur la terre d’accueil et dans cette hypothèse, beaucoup d’hommes conservent les pièces d’identité de ces personnes et les rendent prisonnières.Par ailleurs le divorce reste un sujet tabou dans la culture haïtienne car aussi bien pour l’église que pour la famille, le mariage est une union sacrée donc on se marie pour la vie.Vos efforts ont-ils été récompensés ?Nombreuses sont les femmes qui ont réussi à prendre leur indépendance, certaines d’entre elles font partie de l’association et oeuvrent pour le respect des autres femmes, il y a eu de grands changements.Les hommes adhèrent-ils à vos projets ?Nous essayons dans la mesure du possible de travailler avec eux, nous organisons de ce fait des rencontres et des débats avec la gente masculine sur la question de la violence, ses conséquences.L’important est de faire triompher l’amour car le mot d’ordre de l’association est « l’amour », l’amour de soi, l’amour de l’autre.Si vous deviez vous présenter que me diriez –vous ?Je dirais que je suis une femme noire, haïtienne, vaudouisante qui parle le créole.Cela semble important pour vous de mentionner votre foi dans le vaudou, or bien souvent les gens ne disent pas ouvertement qu’ils pratiquent cette religion ?Je suis née dans cette religion, j’ai appris à la connaître, j’ai grandi avec elle, elle a toujours été mienne, pourquoi devrais-je la nier ?Ma religion m’a aidée à savoir qui je suis.Je suis pratiquante, ce qui veut dire que je connais le vaudou, c’est une religion d’amour, de paix et de solidarité.Le bon vaudouisant rejette le mal contrairement à ce que l’on pense.Je suis fière d’être une adepte du vaudou.Que représente le créole pour vous ?C’est ma langue, un élément d’une culture si riche.Je me bats pour la reconnaissance de cette langue.Merci mne Pierre !

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