Par Frantz DELICECorrespondant de CSMS MagazinePort-au-Prince-Chaque dimanche aux environs de midi, Agnièce François journaliste culturelle à Spotlight, se prépare pour sa grande aventure, sa grande passion de toujours : l’écriture journalistique. Pour elle, écrire en tant que femme c’est répondre à un besoin pressant, un besoin si intense. Ce besoin s’est fait mission : utiliser sa plume pour débusquer les nouveaux talents, utiliser la plume au service de tous les sexes ! Agnièce François est communicatrice sociale et journaliste. La vie ne lui a pas fait de cadeaux et elle n’en attend pas non plus. Elle est une battante et se consacre chaque jour à sa passion, le journalisme. Elle rêve de devenir « une grande femme journaliste » à l’instar de Michelle Montas. Elle pense que pour devenir une journaliste achevée, elle doit travailler dure, avoir la volonté d’apprendre et surtout continuer à faire des recherches pour plaire à son public. Elle témoigne de son envie en ces termes : « Je veux faire une carrière en tant que femme journaliste malgré qu’on dit que ce secteur n’offre rien aux jeunes ». Elle a fait ses premières armes à la Radio Nationale d’Haïti sous les férules de Max Exavier, ancien directeur de cette station de radio. Elle est l’une des deux femmes ayant fait partie du staff embryonnaire du magazine Spotlight au coté de Carel Pèdre. Elle a porté comme son bébé le projet de ce magazine, car pour elle c’était une opportunité à saisir, l’opportunité d’écrire, de mettre ses talents au service des autres. « J’avais besoin de commencer à exercer le métier de journaliste, de m’affirmer en tant que femme et de mettre à profit les théories étudiées dans ma formation de communicatrice sociale », c’est en ces mots que Agnièce François explique cet envie qui la porte vers les rives de ce métier, de cette vocation. Madame François voit le journalisme comme une noble discipline, elle affirme qu’avec le journalisme on peut aider la société, participer à la transformation sociale. Elle voulait exercer le journalisme politique, se trouver sur le théâtre de l’action politique, là où l’action se passe, dit-on. Mais le destin en a décidé autrement, elle travaille comme journaliste culturelle et présente une rubrique à Télé Lumière à l’émission Mag 24 et co-anime l’émission On débranche…C’est dimanche à Radio Solidarité avec son mentor Max Exavier. Pourquoi ce désir de faire émerger de nouveaux talents ? Madame François répond avec un sourire envoûtant en ces termes « Le choix de faire sortir de l’ombre les jeunes talents, c’est une façon d’être utile. Il faut que quelqu’un parle des jeunes, des nouveaux talents. Les jeunes peintres, les jeunes chanteurs et chanteuses, les jeunes danseurs et danseuses ont des rêves et confrontent aussi des problèmes économiques. Ils recherchent des promoteurs. Faire un interview avec eux c’est une façon de les aider. Avec la plume on peut aider, avec le micro on peut sauver des vies ! » Ces paroles témoignent de la flamme qui anime cette jeune journaliste, l’espoir en un lendemain meilleur pour tous ces jeunes en quête d’affirmation, de reconnaissance de leur talent, qui ne demandent qu’on les aide, qu’on vienne à leur secours pour qu’ils puissent laisser le cercle de la violence et de la drogue. Son travail dans ce domaine est une quête perpétuelle. Un besoin de prouver que les femmes n’ont pas peur du risque et sont porteuses de la vie et du changement. Elle affirme « je n’ai pas peur de prendre des risques. Je suis courageuse et combattante. Je suis une femme ayant au cœur le risque. Je pense qu’une femme peut être une aussi bonne journaliste qu’un homme ». Elle demande et prône l’égalité des chances pour les femmes, pour qu’elles puissent s’affirmer et se réaliser, et une autre forme de socialisation pour les petits garçons. Car selon elle, changer la société demande qu’on revoit en profondeur les mentalités, l’éducation. Face aux multiples problèmes de la société haïtienne, Anièce François pense qu’un travail d’éducation à la base est nécessaire, et c’est la mission du nouveau journalisme, elle décrit les contours en ce sens : « Le (la) journaliste n’est pas seulement là pour rapporter, il (elle) doit faire son travail comme agent (e) de transformation sociale. Il faut que les journalistes apprennent à la société l’appréciation des bonnes choses. Il faut canaliser la société. Mais pour cela il faut que les journalistes se forment de jour en jour, prennent plus de recul, fassent beaucoup de recherche et d’étude. » Comment atteindre ce nouveau journalisme lorsque que les journalistes sont sous payés, et que la corruption draine le métier et la société ? Avec ce même verve, ce franc-parler et ce lueur d’espoir qui scintille dans ses yeux, Agnièce François affirme que le problème du sous paiement des journalistes se posent avec acuité mais le journaliste doit se positionner, avoir sa ligne idéologique et ses convictions. En ce sens elle demande aux journalistes de ne pas oublier : « Si yo trennen tèt yo nan labou, konsekans lan se pou yo ak pitit yo lap ye demen, fok jounalis yo mande tèt yo ki eritaj yo vle lese deyè yo, eritaj sa li fonksyon de ideoloji yo ! » Le journaliste ne peut pas mettre sa plume au service de l’argent seulement, il (elle) doit écrire pour transformer la société, écrire pour l’utile. L’utilité du journaliste selon Anièce François, c’est de former le lectorat, leur fournir de nouveaux modèles, faire vivre et comprendre la réalité aux lecteurs et les aider à faire des choix viables. Elle pense que les femmes journalistes peuvent faire la différence car nous sommes dans l’ère des femmes, selon elle. L’ère des femmes peut apporter un sang neuf pour Haïti ! Espérons-le, car nous avons besoin d’espérer en ce début d’année ! A une époque où les journalistes sont décriés, où la société leur reproche leur avarice, leur prostitution idéologique ; il semble qu’il y a de l’espoir, un espoir au féminin. Pour cela, il faut que les journalistes, hommes- femmes, puissent prendre le temps de se former, de s’encrer plus dans leur conviction, de comprendre la nécessité de syndiquer et de se donner comme mission de transformer Haïti ; car nous avons bien besoin de nouveaux modèles de journalistes ! Voir aussi Responsabiliser les pères en Haïti ?Rénette DESIR : Une voix de femme sur le chemin de la gloireNote : Frantz DELICE est notre nouveau correspondant en Haiti. Il est écrivain et il vit à Port-au-Prince. Vous pouvez lui contacter à [email protected]