Par Marie-Jeannine MyrthilCSMS StaffParis, France–Etant étudiante en droit et directement concernée par le sujet, je m’excuse d’avance au cas ou ce papier manquerait d’objectivité.Le calme étant revenu dans les banlieues, De Villepin s’est inquiété de l’ordre qui régnait dans le pays, alors il s’est mis à travailler consciencieusement afin de trouver une formule susceptible de le réveiller, de provoquer la jeunesse. Sa motivation, sa détermination ont payé puisqu’il a créé un texte inadmissible pour les jeunes. De ce fait, depuis plusieurs semaines la France fait une fois de plus parler d’elle, et pour cela tous les ingrédients sont réunis : les jeunes, les syndicats, l’opposition et le bien-aimé gouvernement.Cette crise semble pourtant touchée à sa fin puisque ce samedi, 22 avril, le texte qui remplace l’article 8 de la loi sur l’égalité des chances et créant le contrat première embauche dit « CPE »vient d’être publié au journal officiel. Ceux qui étaient contre ce nouveau contrat de travail ont donc gagné la bataille. Cette victoire malheureusement est le résultat de beaucoup d’effort, de persévérance, de cris, d’exaspération et de sacrifices.C’est une spécialité française de faire du bruit sans arrêt, de se rebeller sans cesse, de dire à qui veut l’entendre que la société est très « dynamique », c’est ce qu’on constate du fait des grèves et des manifestations à répétition quand ce n’est pas les banlieues qui brûlent. Mais cette fois-ci, le jeu en valait la chandelle. Certains journaux étrangers ne comprennent pas cette attitude indisciplinée des jeunes français, mais cette fois ci, nous les étudiants de France ne pouvions gagner cette bataille féroce contre le pouvoir sans s’acharner, car des atteintes scandaleuses menaçaient notre avenir.Aux étrangers et à ceux qui pensent que nous rejetons tout changement, nous déclarons que bien au contraire, nous sommes pour le changement mais il ne doit pas nous porter préjudice, il doit s’avérer respectueux de nos droits. Ce contrat est discriminatoire puisqu’il nous offre moins de garanties parce que nous sommes jeunes et cela , nous le refusons. Les jeunes qui connaissent un taux de chômage dépassant les 20%, auraient été reconnaissants de tant d’efforts si De Villepin, ne s’était pas ouvertement moqué d’eux puisqu’en réalité le contrat première embauche est une mascarade, une horreur, la preuve que le gouvernement ne peut sortir les jeunes de la précarité dans laquelle ils se trouvent. Le CPE semble contestable sur deux points : une période d’essai de deux ans et le fait que pendant celle-ci l’employeur peut opérer un licenciement sans avoir à se justifier.La peur que les employeurs saisissent cette opportunité pour licencier comme bon leur semble paraît justifiée et celle-ci est ressentie aussi bien par la jeunesse que par les syndicats. C’est d’ailleurs ce qu’ils font avec les personnes qui ont signé le contrat nouvelle embauche. (même principe que le CPE, établi dans les entreprises de moins de vingt salariés, et pour les personnes de plus de vingt-cinq ans) Le gouvernement a présenté ce texte comme la solution adéquate pour résoudre le chômage des jeunes, or ce contrat crée plus de précarité puisque pendant deux ans, le jeune employé peut être licencier sans motif.Il aurait pu par exemple baisser considérablement les charges patronales, afin d’encourager les employeurs à recruter plus, au lieu de leur laisser la possibilité d’utiliser la force de travail de la jeunesse sans que celle-ci ne puisse faire de projet, préparer son avenir. Cette façon de faire, rappelons-le, va à l’encontre du code de travail et les opposants n’ont fait en réalité que réclamer des droits instaurés par le code et rejeter ainsi l’arbitraire du gouvernement De Villepin.Le gouvernement a instauré ce contrat par la force en usant de l’article 49-3 de la constitution. En utilisant cet article, De Villepin a forcé les parlementaires à valider le texte puisqu’il a engagé la responsabilité du gouvernement sur celui-ci. Ils ont été confrontés à ce choix : soit ils l’approuvaient, soit ils renversaient le gouvernement. Le contrat une fois né a connu l’hostilité des jeunes, qui ont mené différentes actions.De Villepin a voulu jouer au plus fort, mais il a perdu. Certaines facultés sont restées fermées plus de six semaines, les manifestations se sont multipliées. En fin de compte, Chirac a promulgué le texte tout en ordonnant l’élaboration d’un projet pour le remplacer. Cela reste constitutionnellement incompréhensible puisque ayant fait l’objet d’une promulgation, il aurait dû être appliqué, or ce n’est pas le cas. Le pouvoir en place s’est ridiculisé, et a cherché en vain à masquer sa défaite, cela est une bonne leçon pour un parti qui pensait que les jeunes étaient dupes.Ces derniers ont compris que la droite par ce contrat a voulu faire baisser temporairement le chômage pour espérer une réélection en 2007. L’image de la droite a pris un sérieux coup. Le bilan est que même si les jeunes ont eu gain de cause, nombreux points négatifs subsistent. Le chômage des jeunes est resté sans solution, de plus, les étudiants auront du mal à rattraper les semaines de cours perdues avant les examens, par ailleurs, le contrat nouvelle embauche grand frère du CPE, est toujours « en fuite », les jeunes sauront-ils l’appréhender et le mettre en prison ? Marie Jeannine Myrtil est étudiante en droit international et est correspondante de CSMSMagazine en Europe basée à Paris. Elle peut être contactée à [email protected]