PLAIES INTÉRIMAIRES

Par Jeanie BogartCSMS Magazine Staff WriterCeux qui savent ma passion pour la folie, comprendront aisément mon attachement pour un recueil de poèmes que j’ai lu il n’y a pas longtemps. “Plaies intérimaires” de Willems Édouard est plus qu’une folie, c’est le choix d’une forme de vie. Sous sa plume, la passion devient démangeaison :“Lente fragrance en sieste dans la somptuosité du corpsElle est passéePois gratté masturbant mon émoiSa voix tanguait à l’éveil des fenêtres chanterellesEt le soleil tapissait le sentier de ses baisers blessant” (Page 14)Willems a lui-même confirmé que “Rêve obèse” son premier recueil (Éditions Mémoire, 1996), a habitué le lecteur à une écriture dense, syncopée, hachée avec des mots en proie à la folie. Un style qui n’a pas beaucoup changé dans Plaies Intérimaires qui est à la fois une quête, un manque, un souvenir, une plaie d’amour, un bonheur passé et un présent quelque peu décevant. Toute une panoplie de sentiments qui tourbillonnent pour se transformer en mots de folie.“En ce jour serti de pestilencela ruée des rues déroule une végétation de bannièresEntre vents vandales et graffiti criardsEntre hordes de luxe et bacchanales à coulées de racaillesévissent des faces sans promesse de visage”. (Page 39)Publié par Mémoire d’Encrier, Plaies Intérimaires contient 70 pages d’amour, de bonheur, d’un passé trop présent, d’espoir douteux, de rêve et de folie mal contenus. Tantôt c’est l’amour et tantôt sa ville, son pays au visage triste. On tangue avec lui, on s’accroche, on se perd dans sa déraison. Une oeuvre littéraire riche et forte pourtant qui laisse une impression de liberté refoulée, un manque de laisser-aller.“Un chatouillement de mille-pattes vagabonde dans mon sangs’égrènent lumière de miel silence retentissantet mes sens font moisson de frissonquand Natacha sérénade ma voix”. (Page 57)Note: Willems Édouard dirige Les Presses Nationales d’Haïti. Il travaille avec acharnement à promouvoir le créole dont il prépare la publication de plusieurs romans.