-3.8 C
New York
Saturday, December 21, 2024

JOSIANE KRUGER – Poignant témoignage d’une femme dont le « crime » fut de naître pendant la guerre d’une mère française et d’un père allemand

LA PETITE FILLE qui, à l’école, s’entend dire, en 1946 ou 1947, « fiche le camp, fille Boche » ne l’oubliera jamais. Et d’abord, comment peut-on être née d’un de ces « Boches » dont les journaux et les livres dénoncent les crimes ? C’est vrai, il n’y a pas de papa à la maison, seulement une maman secrète, silencieuse, qui ne quitte pas son travail de couturière et une grand-mère qui finira par répondre à la question de l’enfant : « Oui, ton père était un soldat allemand. »Josiane Kruger, née pendant l’Occupation d’« amours interdites », raconte son histoire, une –histoire vraie, celle des humi–liations que durent subir comme elle – ils n’y étaient pourtant pour rien ! – les « fils et filles de –Boches ». Quant à leurs mères, on sait comment elles furent traitées par des « libérateurs » qui, n’ayant été que très, très rarement des héros, se comportaient en sadiques. Enfant, jeune fille, femme, Josiane Kruger souffrira d’être « fille de Boche », jusqu’au moment où elle découvrira la paix du coeur dans la famille allemande de son père, marié après la guerre, qui, de France, l’avait conduit en Russie.Le cas de Josiane Kruger n’est évidemment pas unique mais le chiffre qu’elle cite – et d’autres l’ont cité avant elle – celui de 200 000 enfants nés, pendant l’Occupation, de père allemand et de mère française est absolument faux. Je ne peux dire combien, mais comment peut-on écrire 200 000, alors qu’il y eut moins de 185 000 naissances illégitimes, en France, entre 1941 et la fin de 1944 ?*. Prétendra-t-on alors que ces enfants nés d’« amours interdites », mais connus de tous dans la petite ville ou le village, avaient été déclarés « légitimes » ? C’est ne rien connaître à l’époque. Ce « rectificatif » n’entame en rien la qualité du touchant témoignage de Josiane Kruger, mais il fallait le faire. Il est dû à l’histoire. Car une erreur dix fois répétée finit par devenir une vérité.* Moins les naissances dans les départements du Haut-Rhin, du Bas-Rhin, de la Moselle, annexés en juin 1940 par l’Allemagne. J’ajoute que le tiers de la France (zone libre) n’a été occupé par l’armée allemande qu’à dater du 11 novembre 1942. Les chiffres de naissances illégitimes que je cite ont pour origine « La statistique générale de la France ». Une association d’enfants nés de soldats allemands a été créée en 2005.

Related Articles

Latest Articles