Cent ans de domination étrangère est non seulement un crime d’une gravité monumentale, il est aussi une atteinte à l’élimination totale de la dignité d’un peuple abandonné à lui-même. Cent ans de manipulation, d’extorsion, de zombification et d’assassinats en grande échelle marque un siècle de misère d’un peuple aspirant à la justice sociale, à la gouvernance démocratique et au bénéfice des droits humains—droit à l’éducation, droit à la santé et droit au travail, trois droits fondamentaux ratifiés par la Convention de Genève.
On n’avait jamais cru ce qui a commencé ouvertement le 28th juillet 1915 et qui s’est métamorphosé en une opération secrète en 1934 allait durer si longtemps. Pourtant, 100 ans plus tard, Haïti reste toujours la proie de la volonté de la plupart des soi-disant pays amis.
Cette constatation si choquante n’est en aucune façon symptomatique à un sentiment d’auto-destructrice, de résignation. Il n’est non plus la simple expression que notre pays a été condamné dès le début. Rappelons-nous que les masses marginalisées d’Haïti ainsi que leurs alliés naturels—les syndicats des travailleurs, les étudiants universitaires et beaucoup de nos intellectuels ne se sont jamais restés inactifs face à l’occupation militaire et face au néocolonialisme. Il y a toujours eu de la résistance contre toutes formes d’injustices sociales et de violations des droits humains en Haïti.
En 1915, alors que la bourgeoisie haïtienne se caputilait face à l’occupant, les masses se sont soulevées sous la direction de Charlemagne Masséna Péralte et de Benoit Betraville, retranchant vers la résistance pour sauver la patrie en danger. Ils ont résisté héroïquement. Malgré leurs faiblesses militaires, ils avaient eu leur patriotisme inébranlable comme guide de combat pour les diriger vers les lignes de front. Trahis, nos héros se sont devenus victimes de la logique de guerre.
Cependant, la résistance n’a pas été éliminée avec la crucifixion de Péralte et l’assassinat de son lieutenant Benoit Batraville. Au contraire, elle s’est continuée avec une détermination de plus en plus incroyable pour reconquérir l’indépendance. Beaucoup de nos historiens contemporains ont brillamment documenté sur les atrocités horribles commises par des Marines américains entre 1915 et 1929, y compris le massacre des dizaines de manifestants paysans à la jonction des Marchaterre le 6 décembre 1929 près de la ville des Cayes. Ils manifestaient pacifiquement contre les travaux forcés imposés sur eux par la force occupante.
Quand il est devenu clair qu’ Haïti n’a pas pu être apprivoisée comme il était le cas dans certains autres endroits, les États-Unis en 1934 ont retiré leurs forces, mais ont augmenté leur influence diplomatique. Les marines ont laissé leur auxiliaire, la Garde Nationale, une sorte de police militaire, comme garant des intérêts des États-Unis en Haïti.
En 1946, les masses se sont soulevées de nouveau, réclamant la justice sociale, la gouvernance démocratique et la protection de leurs droits humains. Ils ont réussi à renverser le régime autocratique du président Elie Lescot. Encore une fois, leur victoire a été de courte durée. Elle a été récupérée par les politiciens traditionnels et des diplomates étrangers dont leurs intérêts étaient totalement contradictoires avec celui des masses haïtiennes.
Au cours de la dynastie des Duvalier, la répression est devenue systématique. Cinquante mille personnes ont perdu leur vie, victimes de ce régime brutal. Ce récit a été documenté par Amnesty International et par bien d’autres organisations des droits humains. Lorsque Duvalier a finalement laissé le pays en 1986, la lutte pour l’indépendance politique et financière avait atteint une profondeur incroyable. Les masses voulaient du changement, de vrai changement fondamental. Plus forte fut la lute pour le progrès, plus fort fut le travail des ambassades étrangères pour contrôler le gouvernement haïtien composé de politiciens totalement soumis à des intérêts profitables aux étrangers dans le pays. Sous nos yeux, cent ans se sont écoulés. Nous violà, regardons Haïti en train d’être réduite à sa plus simple expression. La bureaucratie de l’Etat est devenue l’instrument sacré que les petits bourgeois utilisent pour s’enrichir afin de créer une bourgeoisie bureaucratique qui leur permettra de conquérir leurs aspirartions de classe.
Complètement démunis, toute une génération de jeunes Haïtiens ont recours à la mendicité, la drogue, la prostitution, parfois s’y mêlent les troupes de l’ONU stationnées dans le pays, juste pour survivre dans les rues impitoyables des grandes villes d’Haïti.
Pour contourner ce cycle de désespoir, nous avons besoin d’une rupture complète avec le passé. Nous demandons à tous les Haïtiens de bonne foi, tous les compatriotes qui croient que Haïti doit être libre et indépendante de se donner la main dans un aveu sincère afin de pouvoir sauver notre pays de l’emprise de ses soi-disant amis. Nous avons besoin d’un nouveau contrat social pour nous guider à travers les jours sombres qui nous attendent. Nous devons nous battre pour une Haiti où l’honnêteté dans les affaires publiques sera désormais la norme au lieu d’une rare exception.
Compatriotes, là où vous êtes, saississons la date du 28th Juillet 2015, qui marquera les 100 ans de domination étrangère sur Haïti, pour créer un mouvement qui finira un jour par aboutir à ce changement dont nous sommes tous devenus si nostalgiques. Dans votre ville ou village, quel que soit le coin du monde où vous êtes, réunissez-vous en comité de réflexions tout en commençant par poser cette pertinente question: Que faire?
Arrêtons-nous de pleurnicher!
Reprenons La lutte!
Oganisation, mobilisation !
Vive Haiti libre et indépendante!
Pour le comité de la Floride:
Ardain Isma
Camille Gauthier
Christine Jean-Pierre
Melisa Marcou
Jacob Davis