En hommage au père fondateur d’Haïti, tombé le 17 octobre 1806, mais dont l’idéal brûle encore dans la mémoire du peuple.
« Nous avons osé être libres ; soyons-le par nous-mêmes et pour nous-mêmes. »
— Jean-Jacques Dessalines, Gonaïves, 1er janvier 1804
Un homme né dans les chaînes, mort pour la liberté
Ardain Isma
CSMS Magazine
Le 17 octobre marque l’un des jours les plus solennels de l’histoire d’Haïti : l’anniversaire de l’assassinat de Jean-Jacques Dessalines, survenu en 1806. Ce jour-là, le père de l’indépendance haïtienne tomba sous les balles de la trahison, mais son idéal refusa de mourir. Deux siècles plus tard, son nom continue de résonner comme le symbole du courage absolu, de la liberté intransigeante et de la résistance face à toute forme de tyrannie.
Né esclave sur l’habitation Cormier, près de Grande-Rivière-du-Nord, Dessalines gravit, par la seule force de sa volonté, les plus hauts sommets de la gloire révolutionnaire. Devenu le principal architecte de la libération d’Haïti, il transforma ses cicatrices en emblèmes de dignité et de révolte. Chef redoutable, il déjoua tour à tour les armées de France, d’Espagne et d’Angleterre, brisant à jamais le joug colonial et bouleversant l’ordre du monde.
Le cri de Gonaïves : l’humanité retrouvée
Le 1er janvier 1804, dans la ville de Gonaïves, Dessalines proclama l’indépendance d’Haïti. Ce jour-là, il ne se contenta pas de fonder une nation : il fit tomber l’un des piliers idéologiques de l’esclavage. Son acte fut un cri d’humanité, un manifeste universel de liberté.
« Nous avons osé être libres », proclama-t-il, « soyons-le par nous-mêmes et pour nous-mêmes. »
Pour la première fois dans l’histoire moderne, des hommes réduits en esclavage devinrent les bâtisseurs de leur propre État. Haïti devint alors un phare pour les opprimés et un cauchemar pour tous les empires fondés sur la servitude.
Le rêve d’unité et de justice sociale
Si son règne fut court et souvent caricaturé par les chroniqueurs coloniaux, il n’en demeura pas moins porteur d’une vision grandiose : reconstruire un pays dévasté par des siècles d’exploitation et redonner fierté à un peuple trop longtemps nié dans son humanité.
La Constitution de 1805, qu’il fit adopter, abolissait à jamais l’esclavage, proclamait l’égalité absolue de tous les citoyens et affirmait que tous les Haïtiens seraient désormais appelés « Noirs » — un geste révolutionnaire d’unité et de fraternité. Dessalines rêvait d’une nation forte, souveraine, vivant du fruit de sa propre terre et du travail de ses mains.
La tragédie de Pont-Rouge
Mais les blessures laissées par la guerre d’indépendance et les ambitions rivales de certains chefs finirent par le condamner.
Le 17 octobre 1806, à Pont-Rouge, près de Port-au-Prince, le libérateur d’Haïti fut assassiné. Son corps fut profané, mais son esprit, lui, devint immortel.
Plus de deux siècles après, la flamme de Pont-Rouge n’est pas éteinte. Elle brûle dans le cœur de tous ceux qui refusent l’injustice, dans la voix de chaque Haïtien qui réclame respect et égalité, et dans chaque âme éprise de liberté à travers le monde.
Un héritage vivant
Aujourd’hui encore, alors qu’Haïti traverse de dures épreuves — instabilité politique, pauvreté, ingérences étrangères — le message de Dessalines garde toute sa puissance.
Il nous rappelle que l’indépendance n’est pas une date commémorative : c’est un combat permanent pour la dignité et la souveraineté.
Se souvenir de Dessalines, ce n’est pas seulement honorer un héros tombé ; c’est continuer son œuvre. C’est croire, comme lui, qu’un peuple peut toujours se relever, que la liberté exige des sacrifices, et que l’unité reste la clé du salut national.
Jean-Jacques Dessalines, flamme éternelle de la liberté — ton esprit vit encore.

