Par Paul. E. François
 CSMS MagazineLe dimanche 10 aoĂ»t dernier est un jour sans grande importance historique, sauf que ce fut le jour choisi par les organisateurs, pour un grand rassemblement populaire, Ă fin de cĂ©lĂ©brer la rĂ©ussite qualifiĂ©e de victoire des envoyĂ©s spĂ©ciaux du gouvernement qui sont allĂ©s chercher le certificat de reconnaissance, de la montagne du Morne Brabant au statut de patrimoine mondial de lâhumanitĂ©Â dans la ville de QuĂ©bec au Canada.  AprĂšs le premier dĂ©pĂŽt de gerbes symbolique assez morne, nous avons eu droit cette fois, Ă Â une prĂ©paration plus Ă©laborĂ©e. Les invitĂ©s Ă©taient accueillis par une haie dâhonneur trĂšs folklorique aux rythmes et aux pas du sĂ©ga des danseuses. Ce Ă qui soi-disant donnĂ© une allure de liesse populaire, et de rassemblement national. Toutefois, on ne sâattardera pas sur la maniĂšre dont a Ă©tĂ© organisĂ©e cette fĂȘte, mais le parti travailliste lors dâune confĂ©rence de presse le lendemain a dĂ©montrĂ© ouvertement sa grande satisfaction pour lâorganisation de cette activitĂ©.   Faire venir les crĂ©oles en masse en mettant des transports gratuitement Ă leur disposition et offrir aux convives plĂ©bĂ©iens une panoplie dâartistes qui a fait danser la foule et le Premier Ministre aussi. MalgrĂ© tout, si le spectacle culturel qui dĂ©buta avec une chanson spĂ©ciale pour lâoccasion, le reste des artistes nous gratifiĂšrent dâinterprĂ©tations de leurs tubes habituels la majoritĂ© inappropriĂ©s pour lâoccasion, et autres textes plus engagĂ© et rĂ©vĂ©lateur Ă lâexemple de « simen na pa li sa mo frer. La mor la baâŠsanze »  Rien ne semble avoir changĂ© dans lâesprit de nos dirigeants, pour appĂąter la communautĂ© crĂ©ole, et la faiblesse de cette culture festival sâest encore une fois rĂ©vĂ©lĂ©e sans faille. Une fois la mise en scĂšne protocolaire terminĂ©e et que le parterre dâinvitĂ©s politique ayant quittĂ© le lieu, sur la plage du morne, le pique-nique familial continuait avec boissons alcoolisĂ©es, et biĂšres coulant Ă flots. Le lieu sacrĂ© du Morne Brabant Ă©tait hĂ©las encensĂ© par les relents de grillades jusquâĂ fort tard.  AprĂšs la dĂ©claration du chef de lâopposition pour expliquer son absence Ă cette activitĂ©, de par la confĂ©rence de presse qui sâen est suivie le lendemain, largement couvert par la radio et la tĂ©lĂ©vision nationale, on est en mesure de confirmer et de prendre acte, que cette activitĂ© nâa pas fait lâunanimitĂ© au sein de la classe politique mauricienne. Ce genre de comportement des reprĂ©sentants politique de notre RĂ©publique nous laisse un sentiment de dĂ©goĂ»t, que nous devons Ă tout prit rĂ©prouver. On ignore si le chef de lâĂ©glise, étĂ© invitĂ©, mais ce fut toutefois une absence remarquĂ©e car il reprĂ©sente le chef religieux suprĂȘme, de cette masse crĂ©ole, descendants dâesclaves. Cela nâaurait pas Ă©tĂ© une gerbe de trop Ă cĂŽtĂ© de celle du PrĂ©sident du group socioculturel Rastafari.  Pardessus tout, le discours du Premier ministre nous a permis de comprendre lâintention, et la prioritĂ© du gouvernement de construire un musĂ©e Ă lâexemple de « william wilberforce » de Hull en grande Bretagne, sur le site sacrĂ© du Morne Brabant. Cela a lâair dâune dĂ©cision dĂ©jĂ prise. Mais lâon se demande si une telle construction ne doit pas se trouver de prĂ©fĂ©rence dans la capitale ou tout autre lieu pouvant ĂȘtre accessible Ă tous, sans distinction. Selon le Premier Ministre nous sommes tous indistinctement censĂ©e connaĂźtre notre histoire. Il ne faut donc pas, que ce musĂ©e annoncĂ© ne devient quâun attrait touristique seulementâŠÂ  Cette activitĂ© prĂ©sente aussi un signe avant coureur, que la communautĂ© crĂ©ole risque de passer Ă cĂŽtĂ© de cette occasion, que reprĂ©sente ce monument naturel particulier et sacrĂ© du Morne Brabant. Combien symbolique, et inspirateur. Il faut signaler que rien nâa Ă©tĂ© fait jusqu’Ă aujourdâhui sans quâune cĂ©rĂ©monie religieuse ou de rituel purement africain pour le repos de lâĂąme de ces hommes du continent noirs aux destins tragiques, victimes du marronnage. Le budget encouru dans ce genre de fĂȘte de propagande politique, est blasphĂ©matoire Ă la mĂ©moire de ces hommes qui se sont fait martyrs au nom de la libertĂ©, et qui est aussi un exemple de courage de dâabnĂ©gation pour la postĂ©ritĂ©.  Tout le symbolisme derriĂšre cette montagne doit ĂȘtre honorĂ© et glorifiĂ©. Câest lâoccasion pour apprendre Ă la masse crĂ©ole de ne pas faire lâamalgame entre les activitĂ©s de la plage du morne et tout le respect quâon doit porter Ă ce lieu sacrĂ© quâest devenu la montagne du Morne Brabant. DâoĂč lâimportance dâamĂ©nager ce site en un lieu de pĂšlerinage digne ou convergerait des pĂšlerins de la libertĂ©. Câest ce genre de rĂ©paration quâon doit apporter Ă la conscience brisĂ©e des descendants dâesclaves. Une rĂ©conciliation avec lâhistoire et des repĂšres Ă retrouver pour quâils puissent lâutiliser comme boussole dâavenir, Ă fin de pouvoir sâintĂ©grer le mainstream du dĂ©veloppement et de pouvoir construire ensemble, avec les autres, une Ăźle Maurice durable et fĂ©conde.Dâabord se construire.Note : Paul. E. François est mauricien et il est engagĂ© dans la lutte pour la promotion et l’Ă©mancipation de la communautĂ© crĂ©ole Ă l’Ăźle Maurice, lâune des plus belles Ăźles du monde. Il est notre nouveau collaborateur.Voir aussi CULTURE ET IDENTITE CREOLE : GĂ©nocide latentLa CommunautĂ© CrĂ©ole de lâĂźle Maurice prise dans le joug des pouvoirs HaĂŻti – Culture : UnitĂ© idĂ©ologique, politique dans les Ă©crits et dans les actions chez Jacques RoumainPrĂ©sentation de Gouverneurs de la RosĂ©eLE VERRE DU SOUVENIR